
Titre : Sur l’écorchure de tes mots
Auteur : Pascaline Nolot
Langue : Française – Langue originale : Française
Format : Papier – Lu en grand format
Publié le 22 février 2019 chez Chat Noir Éditions collection Chat Blanc
ISBN : 978-2-375-68103-9 ; Prix : 19€90 ; Nombre de pages : 284
Photo de couverture : Léona Snow
Lectorat : Adultes
Genre : Roman – Contemporain
Tome unique
Page du livre sur le site de l’éditeur ICI
Citation :
« Je fonce dans ma chambre, je m’affale sur mon lit et j’allume la télé. Mais je ne vois rien de ce qu’il y a sur l’écran : la bouille de Grenouille remplace toutes les images. Sa trombine esquintée s’affiche en 3D. Plus je fixe les balafres et le nez déformé, plus je sens comme une boule qui enfle dans ma gorge. La boule gonfle, gonfle… Je sais ce que c’est. C’est un mot qui veut sortir. Mais il peut pas. Il est coincé, enfouis sous tous les autres que j’ai ravalés aussi. Celui-là, c’est le plus gros et, manque de bol, il est tout au fond. Impossible de l’évacuer. Alors, il prend de plus en plus de place en travers de mon gosier. Et je sens qu’un beau jour, il finira par m’étouffer. Comme je peux pas le prononcer, je regarde droit dans les prunelles noisettes qui ont envahi mon téléfilm pourri, et je le pense le plus fort possible :
PARDON.»
– Page 58, chapitre 5 « Sid ».
Résumé de l’éditeur :
« Emma, 18 ans, est une fille d’encre et de lettres. Barricadée chez elle, elle partage la totalité de son temps entre ses romans et son blog, Mots écorchés, sur lequel elle exprime son mal-être à travers citations et poèmes. Sid, 17 ans, est son exact opposé. Les mots, les livres, il n’aime pas. Être enfermé dans un quelconque foyer ou rangé dans une case bien déterminée, il déteste. Lui, préfère l’action à la contemplation, la débrouille à la dépression. Les deux adolescents n’ont rien en commun, si ce n’est le lien du sang et l’accident qui a changé à jamais leur double destinée. Car Emma et Sid sont frère et sœur et ne se sont pas revus depuis plusieurs années. Un jour, l’existence croise à nouveau leurs chemins pour leur offrir une seconde chance. »
Petit mot avant-garde :
Par moment, on choisi de lire un livre pour les sentiments que l’on veut ressentir. Aux Imaginales 2021, quand j’ai demandé à Pascaline Nolot de me parler de son roman, j’ai de suite été touchée par l’histoire qu’elle avait créée et par les émotions qu’elle devait transmettre. J’ai choisi de le lire car j’avais envie de ressentir des choses, j’avais envie de m’intégrer à une histoire avec de la vie, de la souffrance. Mais surtout, j’avais besoin de lire la réalité des choses. Je cherchais à être touchée par un personnage. Je sentais que ce livre était parfait pour ça, il y avait une promesse de ce que j’attendais.
Ma chronique :
« Sur l’écorchure de tes mots », c’est l’histoire d’un frère et d’une sœur qui ne se voient plus depuis des années suite à un accident grave : la fillette est brûlé, elle est difigurée. On suit dans ce roman les deux héros plusieurs années après la catastrophe, qui essaient de vivre comme ils peuvent. L’une reste enfermée chez elle ne pouvant pas supporter le regard des êtres humains sur elle. Et l’autre ne supportant pas d’être toujours au même endroit, sortant tout le temps, disparaissant continuellement, et faisant constamment la fête.
Allons à l’essentiel, j’ai adoré ce roman ! Vraiment difficile à lire sur les sujets qu’il aborde, mais tellement utile à la vie de tous les jours : le jugement et le regard des autres en sont les deux gros thèmes. Comment se faire accepter lorsqu’on a un visage défiguré, le peut-on seulement ? Ou puiser la force de pouvoir sortir alors que les gens vont vous voir tel que vous êtes vraiment, en monstre ? Quelles vont être les réactions lorsque des yeux vont se poser dessus ce visage ? Comment tout simplement vivre avec ça ?
De l’autre côté, il y a le petit frère et des jugements bien trop rapides : « Ce garçon qui sort tout le temps est juste inculte et débile. Il va se rendre malade en continuant à boire et à baiser, voire pire, se tuer… Et puis ses pauvres parents qui ne vivent plus ensembles à cause de lui ! Et en plus de tout ça il ne fait aucun effort ! »
Ce roman, c’est une mine de sentiments tristes et puisants, ancrés dans la réalité de notre vie contemporaine avec une belle critique de ce que nous sommes en tant qu’humains : remplis de préjugés et de méchancetés.
Ce roman, il vous fait prendre conscience du regard que vous avez sur les autres. Ce roman, c’est une claque dans la gueule magistrale sur les comportements que l’on peut avoir vis-à-vis des autres.
Ce roman, c’est une perle.
Écrit à la première personne, les chapitres alternants entre la sœur et le frère, j’ai mis un peu de temps à m’adapter à la lecture du récit car ce sont des adolescents qui parlent et je ne suis pas du tout habituée à leurs langages. Il y a des mots que je ne connaissais pas et des abréviations qu’ils utilisent que je n’avais jamais imaginées. Je me suis retrouvée l’espace d’un instant en face de mes nièces et de mes neveux qui me parlent à la jeun’s. Bref, il faut le temps de s’y faire mais ce ne sont pas non plus des cas extrêmes où il y a que des mots inconnus, ça reste plus compliqué quand on ne côtoie pas beaucoup de jeunes de cet âge.
Des deux personnages principaux, j’ai une grosse préférence pour Sid, le frère. Je le trouve juste génial ! Bon d’accord, c’est une tête à claque, mais j’adore ce gamin. Sa façon de penser et d’être, son courage, sa gentillesse. Il a parfois, non, souvent un comportement trop limite, mais à raisons. Mais je ne donnerai rien pour être à sa place non plus. En tout cas, j’admire le cœur immense qu’il a. Il a tellement d’amour à donner et à recevoir…
La sœur est vraiment énervante. Elle réfléchit trop, parle trop, même dans sa tête ! Je lui ai souvent dis de se taire quand elle ne laissait pas une autre personne parler et qu’elle faisait plein de commentaires dans sa tête. Les dialogues sont saccadés, tout le temps coupés. Ça correspond parfaitement au personnage, mais que c’est énervant !
Je ne peux pas m’empêcher de comparer ce livre à conte. Il est plein d’émotions et fait ressentir énormément de sentiments, il fait poser le regard sur la réalité des choses et le personnage de Maïssane ne peut être qu’une bonne fée. Beaucoup de scènes sont touchantes, certaines font vraiment flipper. On est ici terré avec les deux personnages pour mieux vivre leurs émotions, et souvent, on se sent angoissé ! On est pris aux tripes.
« Sur l’écorchure de tes mots » est publié aux éditions du Chat Noir, dans leur collection « Chat Blanc ». Je les suis depuis leur début et j’admire la qualité de leur travail, la qualité des livres qu’ils publient et leur dévouement à leurs auteurs et leurs lecteurs. Ici, avec ce roman, je peux dire que cette maison d’édition peut être fière d’avoir publiée ce livre. Elle n’a rien à envier aux grandes maisons, bien au contraire. C’est un livre en or, avec des émotions en or, et une leçon de vie en or. Beaucoup de grandes maisons devraient copier la qualité de ce roman.
Une magnifique réussite Pascaline, bravo !
Des qualificatifs ? Extrêmement touchant, fait prendre conscience de beaucoup de choses